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Photo du rédacteurLaurent Hellot

Réconciliation




Le jour qui s'est levé n'est pas différent de ceux qui l'ont précédé. Les envies, les désirs, mais aussi les regrets n'ont pas non plus varié ; le même sentiment de futilité demeure tout autant vibrant, au point d'occulter la majorité des heures qui ne cessent de défiler sans arrêt ; actant la fuite du temps dont les tons ne sont plus que le noir et le blanc.

Si le ciel est à l'écho de cette vanité, mélange de gris et d'eau, il n'est pas la cause de cette sensation qui ne veut pas nous quitter : d'une évidence de déception face à ce qui n'est jamais arrivé ; cette joie dont les couleurs ont fané, ces rires qui se sont évaporés, ces projets aussitôt nés, aussitôt abandonnés.

Il est pourtant besoin de continuer à s'agiter, à donner le change, à prétendre que l'existence se doit de continuer, pour ne pas affoler ceux qui persistent à nous aimer, en dépit de ce mal-être qui sourde de tous côtés, malgré ces maux de tête qui nous montrent l'origine de cette absurdité.

Un cap a été franchi cependant, tel que le soulignent l'éphéméride et les cris d'euphorie qui percent la nuit étoilée ; parce que le soleil aurait fait sa révolution d'une année, il serait de bon goût de s'extasier, célébrer, se congratuler à la gloire de ces poussières de temps dans l'éternité.

Ces journées référencées tel un décompte vers l’éternité n’ont malgré tout aucun sens, quand il s'agit simplement de respirer à pleins poumons un air de liberté, se gorger d'énergie et d'idées, tout en se débarrassant de ce qui nous encombre dans la foulée, afin de repartir comme si l'on venait de s'incarner ;

Écouter ces célébrations pour la fin d'une année et l'espoir d'une moisson de succès parce que l'on aura tourné la page d'un calendrier fait autant de cohérence qu'attendre la pluie de tomber, alors que ciel est d'un bleu parfait ; plutôt que de croire à un basculement sur la base d'un 1er janvier, mieux vaut faire de chaque seconde ce renouvellement rêvé.

Au cœur de ces questionnements, de ces doutes et de ces atermoiements, la date ne doit pas être le seul motif pour se mettre en mouvement, aussi absurde que de demander la permission de vivre et d'explorer, alors il n'est pas question d'attendre qu'un pseudo top départ soit donné.

Pendant que certains se complaisent dans le mythe qu'ils ont le droit de tout recommencer par la grâce d'une basique célébration digne d'une cour de récré, il est vital de se rappeler que rien ne s'arrête jamais, passé, présent et futur mélangés pour ne plus retenir que la personne que l'on est.

L'heure n'est pas à l'établissement d'une liste de souhaits comme l'enfant parfait qui quémande les cadeaux qu'il aurait mérités, mais bien à la création immédiate de tout ce que l'on a envie de faire exister, dans le partage et l'inventivité de ce quotidien sans cesse renouvelé.

En cette transition qui ne cesse d'être rappelée, ne nous arrêtons pas à cette autorisation que personne ne viendra nous donner, car s'il est bien un rendez-vous à prendre en cette journée, c'est bien avec soi-même en totalité, en accord et en harmonie avec les choix que l'on a déjà fait dans cette vie.

L'humeur peut rester morose ou la glose, tant que l'on persiste à bouger, on ne risque pas de se laisser enterrer, mais encore faut-il l'assumer et ne pas se complaire à procrastiner, quelle que soit l'échéance ou la météo qui a été annoncée. Le renouveau tant espéré ne viendra pas de vœux pieux, mais bien d'action dans la réalité.

De ces feux d'artifice, de ces banquets remplis de champagne et d'écrevisses, ne gardons que l'élan de continuer de nous amuser, de retrouver la joie de ne pas s'ennuyer, de ressentir de nouveau le plaisir d'exister, mais de l'intérieur, des battements de notre cœur dont le rythme va s'accélérer pour nous montrer le chemin à arpenter.

Il n'est pas besoin de garder cette euphorie d'une seule nuit pour espérer qu'elle nous porte à la découverte de trésors enfouis, mais bien de faire vivre cette petite flamme que l'on oublie, cette inépuisable énergie qui nous relie à nous d'abord, mais aussi à chaque rivage ; chaque port où l'on se retrouve soi, tête et corps.

Le réveillon est certes le mot qui convient à la situation, mais pas celle d'une soirée débridée, au contraire, pour garder les yeux grand ouverts face à ce qui peut se proposer, de rencontres, de dangers ; ne pas s'assoupir dans une routine ni une facilité, au point d'oublier ce pour quoi l'on a envie de se lever.

S'il est besoin de musique et de danse, que cela soit au quotidien, et non dans l'alcool ponctuel d'une transe qui donnerait l'illusion que l'on a accédé à la révélation, alors qu'il ne s'agit que d'un vertige généré par un tourbillon. Le rythme se crée à chaque pas de notre exploration, chaque souffle de notre respiration, chaque pétillement de nos réflexions.

Il n'est pas nécessaire que l'on soit dans la béatitude sans condition, dans la quête d'une perfection, mais bien dans la confiance de nos capacités à la transformation pour découvrir tous nos talents qui ne sont encore que sous la forme d'embryons. Le renouveau n'est pas forcément reposant, mais il est vivifiant, lorsqu'il part d'en dedans.

Si ce jour est toujours aussi gris cependant, il n'est plus cette fois le reflet de nos pensées aux remugles malséants. L'éclat du soleil n'est peut-être pas présent, mais dorénavant, il est clair que la lumière jaillit de notre corps vibrant. Nous sommes enfin le point de départ de ce nouvel élan qui nous pousse vers l'avant,


pour grandir

pour tressaillir,


pour se poser

pour voyager,


pour aimer

pour quitter,




pour ne jamais cesser d'explorer,

nous en premier. 

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