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Photo du rédacteurLaurent Hellot

Continuation


Continuation - www.laurenthellot.fr

Répéter les mêmes gestes pour le même résultat, la même quête avec les mêmes pas, les mêmes découvertes avec les mêmes émois ; ne faire que suivre ce qui nous va ne nous aidera pas à faire grandir ce qui est là. Il ne s'agit pourtant pas de prendre le risque de se perdre dans ce qui nous surpassera, mais à tout le moins d'oser se confronter à ce que l'on ne connaît pas.

Attendre de la vie qu'elle nous amène ce qui nous aidera, des autres qu'ils nous guident à chaque pas, de notre corps qu'il résiste à tout va ; ne compter que sur la providence pour nous faire avancer ne nous mènera pas plus loin que le bout de notre nez. Il ne s'agit certes pas de croire que seul, on devra tout explorer, mais à tout le moins de se mettre en mouvement sans se reposer sur ses lauriers.

Se contenter de ce que l'on a, ne pas espérer plus que ce qui tient entre nos doigts, ne pas se juger digne d'accéder au nirvana ; faire de l'humilité la base de ses journées ne risque pas de nous conduire à nous dépasser. Il ne s'agit certes pas de fanfaronner, mais à tout le moins de se reconnaître les mérites de tout ce que l'on a fait, de qui l'on est et du chemin sur lequel on ne cesse de progresser.


S'il est une certitude dans la continuité de notre destinée, qui n'est pas une fatalité, mais bien un faisceau de potentialités, il est celle qui autorise à expérimenter, s'égarer, se tromper et recommencer, pour apprendre de ce que l'on a fait, progresser et partager.

S'il est une habitude dont on pourrait se débarrasser, non pas comme une maladie à éradiquer, mais bien un réflexe à abandonner, il est celle de se contenter de vivre comme si tout n'était que normalité, alors que chaque geste, chaque souffle, chaque battement de notre cœur émerveillé démontre la magie qui nous fait exister.

S'il est bien une lassitude qu'il est important de considérer, non pour l'acter et s'en lamenter avant de retourner morigéner dans son petit pré carré, il est celle d'entendre combien certains de nos choix nous empêchent d'avancer et finissent pas nous enterrer, pour s'appliquer au plus vite à sortir de cette prison dorée.


Définir la manière dont on choisit d'exister se devrait d'être notre première priorité, au lieu de se laisser ballotter par des impulsions aléatoires pour lesquelles aucune conscience n'est posée, simple agitation en réponse aux aléas du monde qui s'en viennent nous confronter, nous ramenant à la posture d'une girouette que le vent ne cesse d'agiter.

Assumer ce que l'on désire et ce qui est à oublier se devrait d'être notre principal mode de vie pour ne pas se retrouver enfoui sous les fantasmes de tous ceux qui nous entourent et finissent par nous étouffer, et aboutir à voguer sur un océan de galères à la façon d'un navire avec la coque retournée.

Imposer ses choix et ses ambitions, y compris si elles sont insensées se devrait de propulser nos joies et nos émotions loin des hésitations et des regrets, comme une traînée de poudre, quitte à tout faire exploser, non pour se détruire, mais aller au bout de ce qui nous fait vibrer et se permettre ensuite de se réinventer.


Comment appréhender alors dans toute sa globalité, ce monde et cette existence que nous envisageons de traverser, pour ne pas être ce simple passager qui se contente de regarder et non de participer ? Et si nous décidions de rayonner ?

Comment faire des choix qui ne soient pas subis, mais ancrés au cœur de qui l'on est, plutôt de que prendre ce qui nous est proposé sans comprendre ni attendre le sens de ce qui nous est signifié ? Et si nous écoutions notre sensibilité ?

Comment aller vers ces rencontres qui nous laissent étonnées, ravis et heureux de les avoir partagées, au lieu de s'épuiser à ne pas savoir dire non et finir totalement dépassés par tout ce qui s'emploie à nous encombrer ? Et si offrions autant qu'il nous est donné ?


À vouloir tout et son contraire, comme des enfants gâtés, nous oublions que la chance d'arpenter cette Terre n'est pas liée au privilège de la piller, à la manière de sauvages pour qui la destruction est l'unique action qui définit leur identité.

À ne voir que l'urgence et l'immédiateté, comme des nourrissons qui réclament leur tétée, nous passons à côté de toute chance d'entendre que la patience et le silence ouvrent à des paysages que seule la contemplation laisse émerger.

À ne croire que ce que l'on peut voir et toucher, comme des incrédules qui refusent d'imaginer, l'on se prive de toute la magie que l'on pourrait expérimenter en invoquant les rêves pour les ancrer dans la réalité.


Il n'est pas besoin de complexité pour accéder au bonheur que l'on voudrait, au contraire de l'éducation qui nous a été donnée : revenir à soi et s'écouter, voilà la meilleure voie à emprunter.

Il n'est pas besoin de temps pour emprunter le chemin que l'on souhaiterait explorer, à l'inverse de l'autoroute sur laquelle on est coincé : prendre la première sortie et se laisser porter, voilà l'idée à concrétiser.

Il n'est pas besoin d'autorisation pour devenir qui l'on est, à rebrousse-poil même de tout ce que les autres projettent de notre identité : se respecter et diffuser notre joie innée, voilà le mode d'emploi pour s'inventer.


Dans ce voyage improvisé que nous avons choisi d'initier, dans cette existence qui nous offre la chance d'explorer, dans ces rencontres qui nous proposent d'échanger, gardons dans notre cœur et notre esprit que tout n'est que fluidité et continuité. Chaque rebuffade, chaque obstacle, chaque reculade, chaque débâcle n'est là que pour nous montrer que l'on était en train de s'égarer, loin de notre vérité, celle qui nous invite à nous rappeler que tout nous est donné pour aider à grandir et transformer chacun et chacune que nous allons croiser, et nous en premier.

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